6-Opération du foie
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Cette opération a pour but de retirer les 3 méta avec une marge de sécurité et la vésicule biliaire (on la retire systématiquement). Elle se fait par laparotomie (on ouvre l’abdomen, contrairement la cœlioscopie qui ne fait que 3 ou 4 petites incisions). Mon anesthésiste choisit une péridurale de 72 h après l'opération, pour être sûr que je ne souffre pas. Il me prévient que le foie peut beaucoup saigner et qu'on risque de me faire une transfusion sanguine. De plus, selon le volume de foie retiré il se peut que je sois en insuffisance hépatique, donc la première nuit est prévue en réanimation.
A 8h du matin, lundi, je suis sur la table d'opération ( une fois de plus, c'est une collègue qui me conduit à l'hopital de bon matin). L' infirmière de bloc est une amie de running. Mon anesthésiste a eu un problème familial qui l’empêche d’être là. Celui qui va le remplacer est celui à qui j'ai donné mon dossard du marathon de Paris que je n'ai pas pu courir. Et mon chirurgien est assisté d'un autre chirurgien. Je suis on ne peut plus confiante grâce à cette superbe équipe. J'ai chargé ma copine infirmière d'insulter les méta quand elles seront retirées ... Elle me demande de choisir une musique. La musicothérapie au bloc permet aux patients de se décontracter. Je choisi les Mariachi du Mexique. C'est donc dans cette ambiance latine déjantée que je m’endors.
4 heures après, en salle de réveil, on m'informe que l'opération s'est très bien passée. Les chirurgiens ont retiré les 3 méta. Le foie n'a presque pas saigné, je n'ai pas eu de transfusion. Et le volume de foie retiré n'est pas aussi important que prévu, donc pas de réanimation : je vais dans une chambre normale. Le fameux "OU PAS" avait encore frappé ! Ma binôme est à mes cotés à mon réveil, comme pour les autres opérations. Elle restera jusqu'à l'arrivée de mon mari. J'aimerais papoter avec elle pour lui montrer ma gratitude. Mais je n'arrive pas à ouvrir les yeux, je suis si fatiguée. Je la sens à coté, je fais un effort titanesque pour faire une phrase mais je ne peux pas lutter contre cet état d'épuisement. Comme je m'en suis voulu...
L'après-midi de cette première journée d'hospitalisation je reste allongée, comateuse. Mon mari est avec moi mais je peine également à échanger quelques mots. On m'a mis dans la main une pompe à morphine en plus de la péridurale, à déclencher à ma guise. Je ne souffre pas. Je dors. Je n'ai pas le droit de manger.
Le lendemain, une infirmière et une aide soignante me font ma toilette au lit et me massent les jambes. Je ne sens pas du tout la jambe droite car le cathéter de la péridurale doit être un peu bas. Dans l'après-midi on m'aide à me lever pour rester 30 minutes au fauteuil. Cela me parait une éternité ces 30 minutes, une épreuve... C'est donc au lit que je passe la journée. Me redresser est impossible sans lever la tête du lit avec la télécommande ( les abdominaux ont été coupés au ras des côtes). au fil de la journée une douleur au talon gauche apparaît, jusqu'à devenir insupportable en soirée. Il s'agit d'un escarre. A cause de la chimiothérapie j'ai la peau sèche et elle s’abîme très vite. On me surélève le talon avec de grosses poches à perfusion et on me masse le talon avec de la crème hydratante. ( je le garderai plus de 2 mois mais il ne m’empêchera pas de courir !!). Ce n'est qu'au troisième jour que la fatigue s'estompe. Je peux me doucher assise et reprendre progressivement une alimentation ( thé, biscotte et compote). Mon anesthésiste m'informe qu'il regardera sur la pompe à morphine le nombre de fois que je l'aurais actionnée, et stoppe la péridurale. Le but est de voir si la douleur est supportable et s'il peut retirer la péridurale. Et en effet, je n'ai pas eu recoure de la journée à la pompe, les antalgiques suffisent.
Dès le jeudi, je peux me lever seule, me doucher seule et passer plus de temps au fauteuil. La cicatrice de 15 cm n'est douloureuse qu'aux changements de position. On me retire donc la péridurale et les drains. Il ne me reste que le KT central (perfusion placée au niveau du cou). Le soir, tandis que je suis en compagnie de mon mari, deux copines du bloc opératoire viennent me voir dans ma chambre avec une chaise roulante. "On t'enlève !" Mon plateau repas vient d'arrivé également. "Aller hop, on va manger dehors dans le jardin". Elles m’installent dans le fauteuil roulant, prennent mon plateau, et nous voilà partis. Quel bonheur. C'est ma première sortie depuis l'opération. Ce mois de juin est très chaud et les soirées sont délicieuses. Cet instant est immortalisé sur la 2 ème photo en haut du texte.
Vendredi on me retire le KT central et je crapahute dans l'hopital et le jardin. Samedi, c'est la sortie !